Stranger Room

Par L'Orga

C’est une mère inquiète suite à la disparition de sa fille qui appelle une nouvelle fois la police. Connue pour ses soucis psychiatrique, personne ne fait attention à ses cris de détresse pour une nouvelle disparition d’enfant. Lancez-vous à leur recherche et retrouvez-les… Vous avez une heure, et pas une minute de plus !

Ne gardez pas vos portables !

En ce frais dimanche d’avril, nous avons quitté nos pénates pour une petite association des plus sympathiques : crèpes-escape game. La première partie du plan s’étant déroulé sans accroc mais je ne pense pas que c’est ce que vous venez chercher ici. Je vais donc vous raconter ce qui s’est passé dans cette nouvelle enseigne Essonnienne.

Nous sommes arrivés avec ponctualité, comme à notre habitude, mais à 5 joueurs au lieu d’être 4 comme prévu. Une Pote de dernière minute ayant choisie de se greffer à nos côtés. La porte s’entrouvre donc sur notre hôtesse qui remarque d’entrée notre surnombre. Le « bonjour » sera aussi civil qu’expéditif pour entrer dans le vif du sujet : « nous ne prenons que les espèces ou les chèques ». Euh, information reçue merci, mais sinon, sommes nous invités à rentrer ou devons nous régler sur le pas de la porte ? Une fois la confirmation de notre capacité de paiement nous savourons donc le doux plaisir de rentrer dans les locaux. Puis sur ordre* de notre hôte, nous nous débarrassons de notre surplus vestimentaire : manteaux, sacs, téléphones et montres… Hein ? quoi ? Bon, admettons. [* Le nom masculin ordre est ici utilisé dans son sens propre – peu accueillant.]

Écoutez bien les consignes !

Une fois assis, nous entrons dans le vif du sujet avec un nouvel intervenant : notre game master. Il nous explique les règles en commençant chacune de ses phrases par : « Vous devez surement déjà le savoir mais… ». Complétez ensuite par les sujets classiques : coopération / ne pas utiliser la force / attention aux stickers ne pas toucher / rien au dessus d’un mètre 40, etc. Prouesse oratoire réalisée en lisant scrupuleusement sa fiche du « comment structurer un bon briefing en 12 chapitres » (et perdre la moitié du groupe au bout du deuxième).

Vous l’aurez compris, l’accueil était assez débutant, à la limite du militaire, sans aucune chaleur. On a clairement senti que l’argent du client et la préservation de la salle étaient plus importants que le plaisir de recevoir des joueurs. Alors je veux bien que l’enseigne débute, mais cela m’inspire plus que nous avons affaire à des personnes qui se lancent dans un but lucratif qu’à des joueurs qui veulent vivre de leur passion de l’escape game.

Ne touchez pas aux livres !

Une fois le pitch de base passé, nous sommes directement envoyés dans les années 80. Tout y est dans le décor. Ça fait même plaisir de voir des vieux ouvrages de ma jeunesse, de vieux jeux auxquels j’ai pu jouer… C’est un véritable flash-back émotionnel et c’est sacrément bien réalisé… mais il ne faut toucher à rien. Devant chaque étagère, dès qu’une de nos mains s’approchait de près ou de loin à un élément, nous étions immédiatement rappelés à l’ordre : « Ne touchez pas à… ». C’est triste de faire toute une salle avec énormément de choses à explorer si c’est pour ne pas pouvoir les manipuler à minima. Je l’accorde : c’est souvent légitime d’avoir peur que les joueurs abîment la salle, malheureusement. Dans ce cas autre option : mettez sous-verre ce qui est fragile ou vous est précieux… non ?

Du coup, on tente de faire abstraction de ses sermons récurrents. Puis procédant par élimination, on voit ce qu’il nous reste d’accessible pour les énigmes. On arrive à avancer petit à petit. En même temps, c’est plus simple de deviner les codes quand 70 % de ce que l’on voit ne sert à rien n’est-ce pas ? Les énigmes se suivent donc assez facilement avec un aspect code-cadenas très présent. Jusqu’à une énigme particulière loin de toute logique nous concernant. Les aides du game master ne nous aidant pas vraiment non plus à avancer dans un premier temps. Puis vint le moment du déclic, et nous continuons donc !

La suite se fera dans une meilleure ambiance et allant de surprise en surprise graphique. Car oui, nous tenons à le dire : cet escape game est beau et bien réalisé. Mais rappelez moi : qu’est ce qu’on est venu y faire au juste ? Nous en sommes sortis sans trop le savoir. Et même avec le recul, je n’ai pas la moindre idée des liens qui peuvent exister entre le briefing initial et l’histoire que nous venons de vivre. Nous sortons néanmoins dans les temps, à quelques minutes près.

Ne changez pas mon escape !

Après notre sortie, notre game master nous propose de faire un débriefing dans la salle de jeu. Après avoir noté notre temps sur mon téléphone pour rédiger cet article, je me précipite dans le jeu pour y retrouver mes compagnons d’infortune. Sur le trajet, je me prends un cinglant « vous n’avez pas le droit au téléphone dans la salle de jeu » balancé assez froidement. Je lui réponds sur le même ton que je l’ai eu pendant toute l’heure et que pourtant je n’ai pas fait de photo avec. Je trace ma route sans lui avoir laissé l’occasion de répondre.

Nous avons cherché à discuter un peu autour de l’énigme qui nous a posé problème avec notre game master. Les seules réponses ont été : « c’est comme ça » et « d’autres groupes y arrivent donc… ». Une fois le constat fait que nous ne pourrions rien apporter à l’évolution de ce jeu, nous nous sommes tous fermés comme des huîtres et sommes passés à la photo finish…

L’élément de décor que nous utilisons pour faire la photo est la plus emblématique de tout le jeu. Et une fois cela fait avec l’appareil de la licence, je demande – comme toujours – de prendre une photo avec notre propre appareil. La personne que nous avons eu à l’entrée me répond qu’habituellement elle ne faisait pas ça, comme si elle nous gratifiait d’une immense faveur.

Sérieusement ?

Ne respirez pas pendant le jeu !

Nous ressortons donc tous les cinq complètement énervés de voir aussi peu de professionnalisme et strictement aucune empathie pour les joueurs. Ce ne sont pas des passionnés des escape game, ils cherchent juste à surfer sur la vague, j’en suis convaincu. Et si ce n’est pas le cas, c’est encore pire !

Le jeu est bon, voire très bon quand on y repense… s’il n’était pas aussi mal géré en entrant, pendant et en sortant ! Personnellement, ça m’énerve profondément qu’on m’interdise de toucher à plus de la moitié de la salle : avait-on le droit de respirer ?

Au final, un escape que j’aurai tendance à bien aimer, même s’il manque ce qui lui est crucial : une bonne façon de l’exploiter. Quelques ajustements scénaristiques et une énigme ou deux à revoir. En dehors de cela, les décors sont top et très bien faits : quel complet gâchis !

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