The Lost Passenger
Par L'Orga
Un tunnel effondré, des mineurs coincés dans les sous-sols de la capitale anglaise. Une chose est sûre, ils ont besoin d’aide ! C’est à notre tour que de plonger dans les conduits du métro pour découvrir le moyen de les sauver.
Perdus dans la langue de Shakespeare
Ce voyage a été, pour nous, une grande leçon d’humilité. Forts de deux voyages en Hongrie, on se pensait prêts à affronter les anglais en bilingues confirmés. Nous avions déjà pris hier une grosse claque lors de notre escape game sur Sherlock. Malheureusement, celui-ci a été une occasion de remettre le couvert.
Notre game master se présente à nous habillé de pieds en cape, lampe à huile à la main, haut de forme. Il nous projette avec succès directement au début du siècle dernier. Le lieu n’est pas non plus étranger à cette réussite : nous nous sommes enfoncés dans une cave londonienne. L’ambiance, la poussière, et cette odeur de moisissure nous envoient directement à l’époque de Vidocq – allez, restons à Londres – de Jack l’éventreur.
Le briefing est assez long. Entre la signature de la décharge en cas de casse, l’explication de l’histoire et ses piques d’humour, notre game master avait énormément de choses à dire. Déjà, à ce moment, c’est compliqué pour nous d’écouter un anglais trop rapide et soutenu – d’époque – tout en répondant à des questions en mode role play. Nous avions hâte de nous retrouver juste entre nous et de commencer l’aventure. À part quelques bribes de ci de là… il nous a manqué quelques détails de l’histoire. Derechef, à la lumière de la lampe à huile, nous suivons notre hôte. Enfin seul, nous sommes envoyés dans la mine.
Perdus dans les profondeurs de Londres
Notre mission est donc d’aller enquêter sur ce qui se passe dans les tunnels. L’exploration se passe en plusieurs étapes. Tout d’abord, la descente qui est assez intéressante en terme de décor / immersion dans l’histoire, puis l’exploration en elle-même. La première partie, originale nous plonge bien dans l’ambiance. Nous sentons toutefois que nous ne sommes pas du tout livrés à nous même. En effet, notre game master veille au grain à distance et nous sollicite très régulièrement.
Cette seconde partie va être un peu plus délicate. Au début tout va très bien : de bonnes énigmes, des décors crédibles et, il faut l’avouer, un certain plaisir de jeu. La suite va être entachée d’un mastering trop présent et d’un anglais trop soutenu.
Tout d’abord, notre game master va exiger que nous parlions entre nous en anglais. Je peux comprendre son besoin de nous comprendre pour nous masteriser correctement. Toutefois, il y a des fois où nous avions vraiment besoin de nous exprimer facilement et librement sans nous faire rappeler à l’ordre immédiatement. Par la suite, vu notre retard, il va légèrement nous forcer la main… à outrance. Nous devons faire ce qu’il nous dit de faire et abandonner tout libre-arbitre dans nos actions. Au final, tels des pantins suivant ses moindres souhaits – sans volonté propre – notre expérience sera grandement gâchée.
Néanmoins, pour reprendre un peu de hauteur par rapport à cela, il faut reconnaître un bon jeu avec une bonne qualité de décor, une immersion et une histoire qui se tient. J’aurais tendance à dire que j’aurais bien aimé l’expérience sans les couacs de mastering.
Perdus dans les sous-sols anglais
Notre game master n’est pas dupe, il a bien senti notre ras-le-bol naissant (voire arrivant déjà à l’âge de raison au terme de l’aventure). Cependant, ne pouvant rien faire d’autre que son taf, il nous a poussé à finir l’escape game même si pour cela, il devait le faire à notre place. La sortie a été bien vite expédiée, le debrief autant que le retour aux vestiaires, jusqu’à nous laisser comme quatre voyageurs perdus dans les méandres de son sous-sol.
C’est bien malheureux – d’un côté comme de l’autre – que nous revoyons son visage avec un au-revoir de la main. Nous quittons donc la licence le temps de décolérer également de notre côté.
Au final, un escape game qui tient quelques belles promesses mais qui nous montre à quel point la maîtrise de la langue – ou un peu de bienveillance et d’adaptabilité de nos hôtes – peuvent changer une expérience du tout au tout. C’est vraiment dommage pour le coup.