Apaches de Paris
Par L'Orga
Apaches est un terme générique qui sert à désigner des bandes criminelles du Paris de la Belle Époque. Ce terme, qui apparaît vers 1900, résulte d’une construction médiatique basée sur un ensemble de faits divers. En 1902, deux journalistes parisiens, Arthur Dupin et Victor Morris, nomment ainsi les petits truands et voyous de la rue de Lappe et « marlous » de Belleville, qui se différencient de la pègre et des malfrats (notamment la bande à Bonnot) par leur volonté de s’afficher et, parfois, par la revendication de cette appellation.
Rendez-vous en 1900
Des escape games au format classique toujours et encore ! Non qu’on s’en lasse mais changer un peu ne fait jamais de mal, c’est donc notre rendez-vous de ce soir. Nous avions rencontré l’équipe des Sculpteurs de Rêves lors d’un trop court événement au Musée Grévin : L’armoire aux rêves. Cette fois-ci, la troupe au complet propose une expérience au beau milieu des Apaches de Paris.
Que sont les Apaches de Paris ? Historiquement je veux dire : ce terme représente toute une pseudo-mafia-pègre parisienne réputée pour ses méfaits autour des rixes et de la prostitution de la capitale.
On se regroupe au sens propre et figuré puisqu’on doit être facilement une grosse-poignée-de-groupes chacun d’une-grosse-poignée-de-joueurs sur le trottoir du café Grévin. Un beau parleur nous hèle très discrètement, nous explique brièvement la suite des événements puis nous invite à avancer.
Une fois un prénom – d’époque – et un métier – d’époque également – attribués, nous pénétrons dans un café bruyant. Bien que le rendez-vous soit en 2022, il aura suffi d’un simple couloir et d’une fraction de seconde pour nous projeter plus de 100 ans en arrière.
Confidences pour confidences
À peine les portes passées, nous nous retrouvons embarqués dans cette atmosphère retro. Le bar est baigné d’une lumière tamisée montrant… ce qu’il souhaite montrer. Les bruits viennent du tintement des verres avec lesquels on trinque ou du fond de la gorge de Marthe : un personnage aussi haut en couleur que fort en gueule. On ne peut pas dire qu’on s’y croirait… puisqu’on y est, tout simplement !
Tous les protagonistes viennent à notre table avec plus ou moins d’éléments à échanger, de secrets à partager ou de missions à nous confier. Dans ce bar, pendant quelques heures, tout se négocie, s’échange ou se paie. Parmi les choses qui se monnaient : nous avons devant nous un menu composé de boissons d’époques ainsi qu’un somptueux programme de réjouissances détaillées qu’offraient les maisons closes du tournant du siècle. Je passerai sous silence les détails ce qui se faisait à l’époque, mais la lecture en est remarquable… pauvre mouche… Rien que ça, ça vaut le détour !
C’est Marthe que j’aime à travers vous
Ponctuée par quelques scènes interactives avec l’ensemble des protagonistes, notre mission se poursuit afin de faire avancer l’histoire, les relations et même des larcins. On en oublie le temps, on en oublie les heures qui passent et surtout qu’il ne s’agit que d’un jeu. Nous passons ce moment entouré de visages familiers (nos potes) et d’inconnus pourtant si familiers avec nous qu’on se sent comme chez nous.
Il fallait néanmoins bien une fin, une chute, un dénouement à mettre en place. Comme il est impossible d’arrêter toutes les missions en cours et que les joueurs investis dans leur rôle ne veulent pas lâcher l’affaire, les acteurs finissent par lancer « la fin » malgré tout. C’est dernière, c’est celle que nous – protagonistes éphémères – jugeront la plus crédible. Et devant nos yeux, ce tribunal vivant prend place et le jugement tombe.
Une fin de soirée arrosable
La suite ? Un bar, des acteurs, un lieu convivial : il n’en faut pas moins pour sLa suite ? Un bar, des acteurs, un lieu convivial : il n’en faut pas moins pour s’autoriser à rester un peu plus pour discuter, échanger entre nous ou avec nos hôtes jusqu’à ce que le Café Grévin décide de nous mettre à la porte. On ne veut pas écourter ce voyage et nous retournerons donc à regret à une réalité bassement actuelle des rues de Paris !
Au final, les Sculpteurs de Rêves vous proposent un lieu, des personnages – très – bien joués, une histoire du tout Paris des années 1900. Quelques heures où vous oubliez votre quotidien pour endosser celui de Gustave, Lucien ou Charles. De bons bougres qui ne souhaitent qu’une chose : intégrer les Apaches de Paris.