À fond de cale

Par L4ure

Le Sirius, un bateau de marchandise, se retrouve échoué sur un récif au milieu du triangle des Bermudes en plein océan Atlantique. Les radars, les radios, bref tout l’électronique est hors service, le bateau est indétectable. Après plus de 5 semaines perdus en mer, les tensions entre les membres de l’équipage – dont vous faites partie – atteignent leur paroxysme : la nourriture vient à manquer et la fin tiraille les estomacs des marins. Il n’y a plus rien à manger. Enfin presque…

Et sur ta marinière je cherche notre trait d’union

C’est après avoir quitté le Mexique de La Casa Del Tuco que nous poursuivons notre expérience chez Enigmatik. Nous suivons Max, notre nouveau game master, qui nous emmène dans une pièce bien sombre pour le briefing. Y voyons-nous des éléments de décoration ? Oui. Saurions-nous définir le thème, le but ou l’ambiance recherchés ? Pas vraiment…

Nous sommes invités à nous installer au fond d’un canapé plutôt confortable. Max nous demande si nous savons pourquoi nous sommes là. Si vous avez le malheur de ne pas connaître la réponse, ne vous risquez pas à la deviner par hasard, vous seriez mal reçus.

Nous comprenons très vite que nos tentatives de punchlines pendant le discours de mise en situation ne sont pas les bienvenues, c’est de l’interaction unidirectionnelle. Le game master entre donc dans un monologue qui sera le plus subtil mélange de longueur et de pénibilité qu’il nous ait été donné de vivre.

Tu l’as jeté à la mer pour donner à bouffer aux poissons

Plus c’est long plus c’est bon ? Oh que non ! Ce que le résumé sur le site de l’enseigne raconte en cinq lignes, Max nous le détaille pendant de longues, très longues minutes. Et que font les matelots pendant ce temps me direz-vous ? Ils patientent en silence entre somnambulisme et hibernation…

Mais si ce n’était qu’une question de durée. La pénibilité est accentuée par le manque de rythme, l’intonation monocorde et un cruel manque de second degré. L’intention est là et on sent qu’il veut bien faire. Mais ça ne fonctionne pas, pas du tout. Plouf !

Enfin délivrés, nous embarquons mais nous nous retrouvons derechef enchaînés mais cette fois, on pourra pas s’en échapper en pensant à notre liste de course. On entre enfin dans le vif du sujet. Les premières énigmes sont plutôt bien intégrées, nécessitant une bonne collaboration.

Mais la suite ne sera qu’une lente chute vers notre désolante déception. La salle est non seulement linéaire, mais elle ne permet pas d’occuper plus de deux personnes à la fois, et parfois même une seule. Et les autres me direz-vous ? Qu’ils patientent, encore, en silence…

Les énigmes sont capillotractées, avec un soupçon de vulgarité parfois qui n’est pas le bienvenu. L’un d’entre nous accepte de se salir les mains (et pas que) pour réaliser une manipulation qui se veut originale. Mais elle ne l’est pas, et elle est surtout longue et fastidieuse. Et les autres me direz-vous ? Ils patientent toujours et encore…

À nos poissons d’avril, nous deux c’est pire que la mer à boire

Nous commençons à entrevoir l’issue de notre cauchemar ! Allons-nous échapper à la lente torture du cannibalisme ? Oui et non. L’apothéose se profile enfin… L’épilogue de notre mésaventure aura le mérite de nous surprendre, mais pas dans le bon sens : il est sportif mais ridicule.

Le rôle play tente encore d’être présent mais toujours sans relief. Re-re-re plouf ! Et ce n’est pas les interactions pendant la partie qui ont aidé à nous faire apprécier le personnage. En gros, pour conclure : « déçus » serait un faible mot.

Avec le recul, la majorité des énigmes est adaptée et certaines pourraient même être amusantes. Il y a aussi des points bonus à gagner et cela pourrait être intéressant pour pimenter un peu la salle. Sauf que ça n’a pas très bien été expliqué au départ malheureusement. L’ambiance instaurée ne peut que desservir le ressenti général.

L’absence du gérant (tout à fait légitime) qui devait assurer nos sessions y est sans doute pour beaucoup. Mais lorsqu’on veut que le story telling et l’acting soient la particularité et la force de l’aventure (et nous avons plusieurs exemples où cela fonctionne), les game masters doivent être choisis avec plus de soins, sans quoi tout tombe à l’eau… voire sombre.

Prochaine aventure : La magie nous attend

Au final, Enigmatik nous avait promis une aventure au lieu d’un escape game, une immersion dans une histoire au lieu d’un chrono à réaliser. L’attente était sans doute trop grande suite à ces belles promesses. La légende raconte que le gérant maîtrise cette mise en situation à la perfection, la réalité est que sans lui, tout tombe à l’eau… Plouf !