The Orphanage
Par L'Orga
Cet orphelinat pour filles est vide depuis des années. Vous savez qu’il n’y a plus personne et pourtant vous sentez des frissons vous parcourir le dos lorsque vous poussez la vieille porte d’entrée en chêne. Les toiles d’araignée le long des murs jaunis sont la preuve que personne n’est venu ici depuis des lustres et pourtant on a parfois l’impression d’y entendre quelque chose. La voix d’une enfant… quelque part… cachée. Le sol grince sous vos pieds à chaque pas, comme pour vous dire « Sortez d’ici ».
Un accompagnement froid
Cette journée était loin de nous avoir livré tous ses sombres secrets. Si vous nous rejoignez en cours de route, sachez que la route – justement – nous avons failli ne pas pouvoir la prendre suite à un souci de location. Cela aurait simplement gâché tout notre week-end, mais nous avons heureusement pu trouver une solution.
Le gâchis suivant viendra de ce que nous pensons – sans certitude – être la gérante-cerbère des lieux… mais j’anticipe un peu.
C’est donc toujours chez Dark Park, après l’excellent The End que nous venons de vivre, que nous continuons confiants avec The Orphanage… Enfin confiants… le sujet et les rumeurs entourant les lieux n’ont rien de bien engageant. Peut-être étions nous plus confortables chez notre ami le croque-mort.
Rien que l’entrée de cet orphelinat est un repoussoir à visiteurs potentiels. La nature y a repris aisément ses droits, l’endroit est clôturé, hermétiquement fermé à toute intrusion involontaire. Le hic, c’est que volontaires, il paraît que nous le sommes… avec nos genoux tremblants. Alors entrons dans la danse.
Une ambiance froide
Munis d’une lampe torche asthmatique, nous sommes laissés là dans le noir quasi-complet. Concrètement, nous ne pouvons décemment voir quoique ce soit de cette funeste entrée. Fort heureusement pour nous, la lumière arrivera lentement… à moins que nos yeux ne s’adaptent à l’obscurité ?! Sûrement un peu des deux.
Les lieux sont très réalistes : d’un côté une salle de classe très années 30, de l’autre, un dortoir des plus lugubres et tristes, et enfin la salle de réfectoire, haut lieu de joie et de gastronomie locale. Rien dans tout ceci ne pouvait nous préparer à la suite / chute de l’histoire. C’est sale, glauque et triste.
Le point faible du scénario réside dans ses énigmes qui sont malheureusement assez grossièrement intégrées au lieu. Cependant, on arrive assez facilement à faire abstraction de ce détail tant l’univers est saisissant. Les jeux de lumières sont aussi très présents tout au long de la partie et très bien utilisés. Ils participer à créer un ensemble aussi inquiétant que plaisant. Au même titre, la mise en scène de la sortie est littéralement divine et nous laisse ébahis jusqu’à…
Une personne froide
… l’agression finale. Encore dans l’adrénaline et le plaisir du jeu à peine achevé, notre game master prend la photo de groupe habituelle avec l’appareil de l’enseigne doublée par précaution avec le nôtre. C’est à ce moment que surgit la fa(u)cheuse gérante qui nous bondit furieusement dessus telle une cougar sur un jeunot. Je vous passerai une partie des détails, mais l’idée globale est qu’il est interdit d’avoir la moindre photo de fin de jeu prise avec notre propre appareil – même par le game master.
Malgré quelques tentatives d’explications et d’apaisement, elle restera tout aussi vindicative qu’un Gandalf face au Balrog, nous empêchant de faire le moindre pas vers la salle de repos pour tenter a minima de dialoguer. Rien à faire, c’est agressif et brutal. Nous avons ordre de supprimer manu militari toutes nos photos de Dark Park (The End compris) et de vider la corbeille à photo évidemment sous son contrôle stalinien… Elle n’aura pas cédé un pouce de terrain durant tout ce temps, nous bloquant tout mouvement allant même jusqu’au contact physique.
Après plus de 600 escape games, c’est une première ! Nous doublons toujours la photo de l’enseigne en cas d’oubli d’envoi ou de perte (car oui ça arrive !) et ça n’a jamais posé problème. L’optique de ne pas avoir notre photo finish n’étant pas une option car ce sont nos précieux souvenirs avec nos amis. Même si nous ne remettons pas en cause le fond de la politique imposée, c’est la forme employée – particulièrement brutale – qui est inacceptable. Il s’agissait d’une agression intrusive pure et dure sans aucun échange possible, sans entendre le moindre argument.
Une fois les hérétiques photos supprimées et notre groupe choqué revenu à l’accueil, la responsable fini par entendre qu’elle a été bien trop loin et même tenté de faire amende honorable. Mais trop tard, le mal était fait. Nous garderons donc un très bon souvenir de Dark Park en matière d’escape game mais une bien piètre opinion du management. Certaines personnes ne devraient jamais interagir avec les joueurs. Petite pensée à nos deux game masters qui ont dû se faire copieusement engueuler après notre passage.
Le TERPECA 2021 classe Dark Park comme la 3e meilleure enseigne d’escape game mondiale. On peut totalement comprendre ce classement au regard des scénarios proposés et des game masters que nous avons eu le plaisir de rencontrer. Cependant, clairement le management n’est pas un critère d’évaluation, sinon Dark Park aurait été classé 1re… en partant de la fin !
Prochaine aventure : la mort du Dôme
Au final, pour avoir déjà pénétré dans quelques orphelinats délabrées, celui-ci était le plus construit scénaristiquement et graphiquement. Il est juste dommage que les énigmes ne soient pas toujours à la hauteur des ses autres qualités. Nous la recommandons néanmoins vivement !