Haunted Room

Par L'Orga

Pedro et Olga se jouent-ils encore de nous ? En tant qu’investigateurs du paranormal, votre mission est de découvrir ce qui se passe dans un hôtel hanté de La Défense…

Premier jeu : suivre les informations fournies

Il faut que je me confesse. Avant même de pousser les portes de Team Break La Défense, je n’avais pas grand espoir quant à la qualité de cet escape game. Mais d’un autre côté, en s’attendant au pire, on pense qu’on ne sera jamais déçus. Une fois encore c’était là sous-estimer l’enseigne.

Le premier obstacle sera de trouver le lieu de l’escape game. Fraîchement partis du CNIT où l’enseigne officiait depuis des années, les scénarios sont désormais perdus aux fins fonds de Courbevoie. Le chemin indiqué sur le mail est la première galère : pas clair, désorientant. Attendez… ! Mais on dirait presque une énigme de Team Break La Défense ça… ! Bref, un bon Google Map est donc largement plus efficace. Une fois l’équipe réunie, nous pouvons enfin pousser les portes d’entrée.

Deuxième jeu : s’identifier !

L’entrée est tout sourire et on commence par le pass sanitaire, ce qui est bien normal. Puis viennent les confirmations d’usage : nom de la réservation, numéro de la réservation demandés par notre hôtesse enfermée dans sa cage. Puis on recommence, mais cette fois sur une tablette pour bien déshumaniser le début officiel de notre aventure : nom de la réservation, numéro de la réservation (ah ?! – comme dirait Denis), saisie du nom (encore ?!), prénom (hmmmmm), numéro de téléphone (si c’est pour faire du démarchage, ça va chier), adresse mail (ça va aller oui ?!), moyen par lequel nous avons connus Team Break La Défense (comment les éviter serait plus pertinent). Nous sommes 4, donc un formulaire de saisie pour chaque joueur (ah non, j’oubliais que nous ne sommes que des clients…) ! Où est passé le temps où le mot de passe amusant était de mise ?! Alors le mail vous incite bien à le garder en mémoire comme le sésame à donner à l’arrivée mais finalement il est balayé d’un revers de la main car il est moins important que les informations collectées à but commercial.

Une fois la tâche (corvée) administrative effectuée, nous comprenons que notre hôtesse d’accueil ne sera pas notre game master mais un autre « employé » qui fait une apparition en coup de vent et repart aussitôt ; pour les présentations on repassera. Nous rejoignons donc un sas dans lequel sont diffusées en boucle les consignes assez classiques de sécurité. Et hop, encore un moyen d’enlever cette tâche aux game masters et de nous laisser livrés à nous même en déshumanisant encore l’accueil. Vous l’avez l’image de la vache à lait qui passe dans les couloirs pour aller se faire traire ?

Donc la vidéo ; elle tourne en boucle, peu de chance d’arriver pile à son début ; prenez en cours de route et recommencez à loisir. C’est long, l’espace exigu est bruyant, on entend très mal la vidéo et on nous rajoute des fumigènes pour… l’ambiance ! Bref aucun moyen de capter correctement l’attention des joueurs. C’est tellement peu interactif que personne ne se donne la peine d’écouter et la fumée qui nous prend à la gorge, nous incite à sortir au plus vite. Il est donc temps de continuer notre route et d’arriver à l’intérieur d’une salle d’accueil confortable où notre game master apparaîtra quelques instants plus tard. Le « drame » de la soirée interviendra juste après, de façon complètement inattendue et c’est a posteriori que nous le comprendrons. Notre game master nous demande si nous sommes déjà venus chez Team Break et, si oui, pour faire quelles salles. Pour ma part, j’ai tout naturellement répondu sobrement : « toutes » puisque j’ai déjà eu l’occasion de faire Lost, Prison Break, Magic School, Jurassik Room, sur Paris et même Fort Boyard à Lille et même les scénarios de feue la rue des Martyrs. Sa réponse sera un cinglant « tu veux jouer au plus malin, toi ». Cela aurait pu être une interaction ludique avec notre game master, mais que nenni ! Je n’avais pas encore conscience que je venais de le plonger dans un profond mutisme.

C’est donc muet qu’il nous emmène manu militari aux casiers pour qu’on puisse y déposer nos affaires. Puis, toujours sans un mot, il nous guide vers la porte de la salle, me tend le talkie-walkie en lâchant un « puisque tu es si malin, tu dois savoir t’en servir ». Enfin, une fois dans la salle, tout en fermant la porte sur nous : « attendez ici qu’elle vous communique que les instructions ». À titre personnel, j’ai déjà eu plus d’échanges avec un chauffeur de taxi parisien.

Troisième jeu : l’exorcisme

L’intérieur ressemble comme promis à un décor d’hôtel. Le côté désuet n’est pas sans rappeler Shining de Kubrick ; l’espace et le souci du détail en moins. L’ensemble des pièces est plutôt crédible, quelques jump scares assez mignons nous rappellent régulièrement que nous ne sommes pas là pour nous reposer. Le ton cassant de notre game master interviendra de temps à autres pour nous aiguiller voire nous aiguillonner.

Les énigmes sont pas folichonnes, les dessins à colorier d’un Picsou Magazine nous auraient apporté plus de fil à retordre. On avance donc rapidement au travers de l’escape game. Seule une énigme nous ralentira vaguement tant par son manque de logique que son côté improbable dans le jeu. Le ton agacé de notre game master se fera entendre régulièrement pour nous enjoindre de ne pas toucher à un cadenas technique. En fait, il était rouge, mais successivement faiblement éclairé d’une lumière noire, puis rouge, puis blanche ; comment dire… Notons au passage les surnoms attribués tour à tour mes coéquipiers de « blondinet », « l’autre » ou moi-même de « petit rigolo ».

Quant au mastering – parlons-en du mastering – sur fond d’un ton sec et sarcastique, limite insultant ou menaçant la plupart du temps, nous pensions bêtement qu’il continuait de jouer son rôle de personnage froid et distant comme il le faisait brillamment depuis le début. L’histoire nous dira qu’en fait, non, car du début à la fin, il garda cette distance ; ça n’était donc pas un rôle.

La fin de l’escape game sera comme un dîner chez les beaux-parents : long et pénible. On percevra aisément tout l’art de « comment gratter 5 minutes à voir les joueurs faire n’importe quoi » qui avait apparemment déjà fait ses preuves sur Magic School… Nous sortirons finalement en à peine plus de 30 minutes (ressenti 75 minutes). Je pense que l’objectif de la salle n’est clairement pas de nous proposer des énigmes dignes de ce nom, mais plutôt de tenter de nous plonger dans une ambiance « oppressante ». Pour nous, elle aura plus été « pesante » qu’autre chose.

Quatrième jeu : le courroux du game master

La sortie se fera dans un silence presque monastique, notre game master se donnant difficilement la peine de nous adresser la parole. Je pense la contrainte de nous proposer la photo-souvenir fût pour lui l’ultime épreuve. Au passage, que dire des 10 euros demandés si nous souhaitions faire la photo à l’intérieur de la salle et avec son appareil professionnel ? Après tout cela, dans une dernière marque de mansuétude, il nous ouvrit la porte de la sortie du bâtiment nous indiquant ainsi clairement la direction à emprunter.

Nous restons tous choqués par le comportement de ce game master que rien ne peut justifier. Nous ne l’avons à aucun moment insulté, défié ou regardé de travers. Pas besoin de climatisation tant il a été froid tout au long de notre aventure. J’estime qu’au prix où nous payons ce loisir qu’est l’escape game, le joueur/client doit à minima en avoir pour son plaisir de jeu. Sans même parler du jeu en lui-même, avec 30 euros par personne et une qualité de service inadmissible, Team Break La Défense nous a encore démontré qu’il fait globalement du tors à la filière des escape games (y compris les autres licences de la même franchise). Ce n’est pas ce que j’appelle de l’argent bien dépensé.

N.B. : nous tenons à bien préciser qu’il s’agit ici uniquement de notre expérience concernant la licence parisienne de Team Break, notre expérience à Team Break Lille ayant été bonne. Pas d’amalgame.

Cinquième jeu : le bilan

Au final, peut-être qu’avec un game master accueillant et professionnel, l’expérience aurait été plus agréable. Cela n’aurait néanmoins pas atténué le syndrôme Disney omniprésent chez Team Break : tu es un client et tout est là pour t’inciter à payer. Avez-vous déjà été réservé sur le site de la licence ? J’ai eu l’impression de jouer au morpion tellement il y a de cases à cocher… Je ne conseillerai donc en rien cette salle, ou même Team Break dans son ensemble, tant leur stratégie commerciale est déplorable pour l’expérience du joueur. Allez chercher du loisir ailleurs.

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